La flexibilité pédagogique est une souplesse que les personnes enseignantes ont au quotidien pour offrir des choix planifiés aux élèves tout au long de la démarche d’enseignement-apprentissage. Celle-ci doit s’appuyer sur des modalités organisationnelles de la classe favorisant l’autonomie des élèves. La personne enseignante aura dès lors la possibilité de diversifier les thèmes, les contenus et le matériel pédagogique exploités avec les élèves. Elle pourra aussi les guider dans le développement de leurs compétences par le biais de processus de natures différentes et leur permettre d’exploiter différents modes de production pour rendre compte de leurs apprentissages. «[L]e défi actuel est de rendre la flexibilité pédagogique plus officielle et planifiée, et qu’elle soit soutenue par une intention pédagogique claire et concertée»
(MEQ,2021 Différenciation pédagogique : Soutenir tous les élèves pour favoriser leur réussite p.12)La mesure d’adaptation est, en soi, de la même nature que celle de flexibilité; c’est-à-dire que ni l’une ni l’autre n’amène la personne enseignante à modifier les attentes pour l’élève. Ce qui les distingue est le caractère essentiel de la mesure d’adaptation. En effet, « [l]a mesure d’adaptation est un ajustement essentiel qui permet à un élève qui présente des difficultés importantes (ou des limitations) de surmonter ou d’atténuer un obstacle lors de l’apprentissage et de l’évaluation »
(MEQ,2021 Différenciation pédagogique : Soutenir tous les élèves pour favoriser leur réussite p.14).Par exemple, une personne enseignante peut offrir à tous ses élèves d’écrire leur texte à l’ordinateur en mesure de flexibilité. Par contre, dans sa classe, il y a peut-être un élève pour qui le traitement de texte est essentiel pour démontrer sa compétence à écrire en raison d’un obstacle sur le plan moteur, par exemple. À ce moment, pour cet élève spécifiquement, cette mesure relèvera de l’adaptation puisqu'elle sera essentielle à la démonstration de ses compétences. La personne enseignante devra donc s’assurer de consigner cette mesure dans un plan d’intervention pour cet élève afin de lui garantir l’accès à cette mesure dans tous les contextes pertinents, dont les évaluations ministérielles.
Sur le terrain, les personnes enseignantes peuvent exploiter les quatre axes de la différenciation pédagogique afin de proposer des situations d'apprentissage et d'évaluation inclusives:
Contenus : Ce sur quoi porte la tâche; ce que l’élève doit apprendre (compétences, connaissances et stratégies)
Structures : L’environnement dans lequel se feront les tâches, les modalités d’organisation de la tâche.
Processus : Le comment de la tâche; les façons dont la personne enseignante prévoit ses interventions et l’utilisation des ressources; les façons dont l’élève s’approprie les savoirs et les stratégies pour mieux comprendre.
Productions : Le produit ou résultat attendu de la tâche; moyens par lesquels l’élève démontre ce qu’il a compris et appris.
En contexte d'évaluation en aide à l'apprentissage, qui devrait représenter la majorité du temps d'évaluation en classe, la personne enseignante peut offrir aux élèves toutes les mesures qui sont pertinentes pour les faire progresser. Dans ce contexte, la personne enseignante ne se limite pas dans les mesures mises en place de par leur catégorisation en flexibilité ou en adaptation. Par contre, elle doit s’assurer de documenter l’efficacité des mesures offertes à ses élèves. De plus, à l’approche des épreuves plus régies, comme les épreuves ministérielles, la personne enseignante doit s’assurer de planifier un estompage des mesures de flexibilité qui ne pourront pas être permises en reconnaissance des compétences. Si elle réalise qu'un élève n’arrive pas à montrer sa compétence sans cette mesure d’aide, c'est que cette mesure est essentielle pour lui afin de démontrer sa compétence. La mesure d'aide est alors considérée comme une mesure d'adaptation et devra être consignée au plan d’intervention de l’élève.
En contexte d'évaluation en reconnaissance de compétences, soit lorsque la personne enseignante veut porter son jugement sur les compétences d’un élève, elle doit s’assurer d’offrir des conditions équitables à tous ses élèves. Ainsi, les mesures d'aide qui sont proposées dans ce contexte doivent être davantage réfléchies et planifiées, et ce, en fonction du contexte de la trace collectée. Bien que les épreuves ministérielles précisent les mesures d'adaptation permises dans ce contexte, il est important de savoir que celles-ci n'ont pas à être appliquées dans tout le parcours de l'élève en contexte local.
L'évaluation en contexte de reconnaissance de compétences
En tant que personne enseignante, il est de notre devoir de connaitre les mesures d'aide qui sont permises en contexte d’épreuves ministérielles. En effet, celles-ci sont bien régies par des documents légaux comme l'Info-Sanction qui traite des mesures d'adaptation pouvant être autorisées lors des épreuves ministérielles (dans ce cas-ci l'Info-Sanction 23-24-43). Elles sont également précisées dans les documents d'informations et les guides d'administration et de correction des épreuves.
Par contre, il est important de se rappeler que les conditions de passation des épreuves ministérielles s'appliquent uniquement aux épreuves ministérielles. Bien qu'il y ait des règles auxquelles on ne peut pas déroger dans ce contexte, il n'est pas nécessaire ni même souhaitable d'appliquer ces règles dans le quotidien de la classe.
Par exemple, en contexte de rédaction en écriture, la personne enseignante peut encourager ses élèves à collaborer en s'offrant de la rétroaction à toutes les étapes de la rédaction. Cette démarche de co-construction permet aux élèves de développer leurs capacités d'analyse, de révision et de correction. Pourtant, en contexte d’épreuve obligatoire ministérielle, la personne enseignante devra respecter le guide d'administration de l'épreuve et ne pourra pas mettre en place cette mesure. Dans tous les autres contextes, la personne enseignante conserve le droit d'offrir cette modalité lorsqu'elle la juge pertinente, et ce, peu importe le niveau scolaire de l'élève.
Évidemment, la personne enseignante qui enseigne en 4e ou en 6e année doit s'assurer que ses élèves seront aptes, en fin d'année, à rédiger un texte sans cette étape de coconstruction afin qu'ils ne vivent pas une situation préjudiciable lors de l'épreuve ministérielle. Cela ne veut pas dire que la personne enseignante doit mettre de côté cette pratique gagnante dans toutes les tâches de rédaction qu'elle propose en cours d'année puisque cela n'est pas permis à l'épreuve obligatoire. La mise en place de cette pratique en cours d'année n'invalide pas la réussite de l'élève.
Il faut donc retenir que ce n'est pas nécessaire ni même souhaitable de placer en tout temps les élèves de tous les niveaux dans les mêmes conditions que s'ils étaient en épreuves ministérielles. Comme le développement des compétences des élèves n’est pas au même stade en 1e année qu’en 6e année, il va de soi que les conditions de passation des évaluations ne peuvent pas être les mêmes tout au long du parcours de l’élève. On ne se pratique pas à courir un marathon en en courant un tous les jours!
Les mesures d'aide en reconnaissance de compétences
Ainsi, la personne enseignante ne doit pas se limiter aux mesures permises en contexte ministériel pour déterminer l'aide qu'elle peut apporter à ses élèves. Toutefois, il est essentiel que l'estompage des mesures d'aide non-permises en contexte ministériel soit fait. Pour cela, la personne enseignante pourra s'assurer de diminuer progressivement l'intensité et la fréquence de l'utilisation d'une telle mesure au fur et à mesure que l'élève progresse dans ses apprentissages afin de déterminer si celle-ci est essentielle à sa réussite. Si elle ne parvient pas à les estomper, la personne enseignante pourrait déterminer que cette aide est essentielle à l'élève pour dépasser un obstacle à son apprentissage et l'inscrire à son plan d'intervention. La mesure en question sera alors considérée comme une mesure d'adaptation pour cet élève.
«L’absence d’une mesure d’adaptation appropriée [aux] besoins [d'un élève] limite le développement de ses compétences ou la démonstration de ses apprentissages. »
(MEQ,2021 Différenciation pédagogique : Soutenir tous les élèves pour favoriser leur réussite p.6)Lorsqu’une mesure de flexibilité devient essentielle à un élève pour démontrer sa compétence et que cette aide ne peut donc pas être estompée, cette mesure devient alors de l’ordre de la mesure d’adaptation.
Outils numériques pour tous
En contexte ministériel, le ministère permet l'utilisation de certains outils d'aide numériques en flexibilité pour tous les élèves.
L’Info-Sanction 22-23-38 détaille les outils numériques qui sont permis pour tous les élèves par épreuve et par niveau. Les conditions d’utilisation de ces outils sont également détaillées dans ce document.
Outils numériques à caractère essentiel
Lorsqu'un élève fait face à un obstacle dans son apprentissage, certains outils technologiques peuvent s'avérer essentiels à la démonstration de ses compétences. Ces outils deviennent alors des mesures d'adaptation pour cet élève et doivent être inscrits à son plan d'intervention afin d'être permis à l'épreuve ministérielle.
Le site web ci-dessus présente les fonctions qui peuvent être offertes, les outils qui les proposent et des tutoriels en lien avec ceux-ci. Des renseignements sur la démarche à suivre pour l'attribution et le financement d'un outil d'aide technologique y sont également disponibles.